
TRADITION CULTURELLE DE L’HUMANITE
L’arbre au début et à la fin de toute chose Dans
son nouvel ouvrage, « L’arbre et la vie », préfacé par Jacques Diouf,
Directeur général de la Fao, Colonel Moumar Guèye, Ingénieur des Eaux et
Forêts, nous fait une « véritable leçon de pédagogie sur notre
environnement ». Il raconte la symbolique de l’arbre et du monde
végétal. Selon lui, l’arbre est au début et à la fin de toute chose. «
L’arbre et la vie » est le titre du nouvel ouvrage du Colonel Moumar
Guèye, Ingénieur des Eaux et Forêts, dans lequel il explique toute la
symbolique autour de l’arbre. « Dans beaucoup de civilisations, il
incarne les symboles de la tradition et de la culture. Depuis la nuit
des temps, il perpétue l’éducation et la culture des peuples », a
souligné Moumar Guèye à la page 17 de son ouvrage.
Cette
assertion fondée sur la recherche et l’observation sociale conforte bien
la symbolique de l’arbre qui est le lieu pour palabrer, le lieu où la
communauté se rassemble pour discuter des affaires militaires et
sociales. En Afrique, la littérature parle de « l’arbre à palabres »
pour marquer cette fonction de place publique, de lieu de rassemblement.
Au-delà
de cet aspect, Colonel Moumar Guèye, nous rappelle la fonction
artistique liée à l’utilité de l’arbre. « Il est le bois du tam-tam, la
baguette du tambour-major, le corps du riiti (instrument de musique à
cordes utilisés par les Peulhs et les Sérères) et du violon, les
lamelles du balafon et le bois de la flûte », a toujours noté Moumar
Guèye à la page 17 de son ouvrage.
Mieux, Colonel Moumar Guèye
explique que l’arbre fournit depuis toujours les supports pou l’écriture
et le dessin. « Cela a commencé avec le papyrus herbacé qui donna
l’ancêtre du papier des anciens 2gyptiens, en passant par la tablette en
bois des apprenants musulmans (talibés) pour fournir par la pâte à
papier d’aujourd’hui », a-t-il renseigné. Et de poursuivre : « Ce papier
qui sert à fabriquer tes livres, tes cahiers, tes journaux et tes
cartons d’emballage ». Avant de donner une information encyclopédique en
ces termes : « Le premier papier fabriqué par les Chinois était fait
d’écorce de mûrier ».
Un peu plus loin dans la même page,
l’ingénieur des Eaux et Forêts révèle qu’avant le cuir, rappelle cette
époque du passé quand les chaussures étaient taillées dans le bois. « Ce
sont les sabots des peuples de grand froid du Nord et les Karbatt
(sandales rudimentaires dont la semelle est faite de bois lisse) de tes
ancêtres d’Afrique », a-t-il renseigné. Du point de vue mystique, Moumar
Guèye a noté qu’au Sénégal, chez les Sérères, les Bassaris et les
Diolas, « les esprits et les cérémonies cultuelles sont symbolisé par
l’arbre ou ses produits ». Selon lui, « pendant des siècles, il a été et
demeure le gîte des génies (pangol) protecteurs et la tanière des
esprits méchants ».
Moumar Guèye prend le temps d’expliquer que
nombre de villages et autres localités en Afrique et ailleurs portent le
nom d’un arbre. Pour illustrer ses propos, il cite en exemples : «
Ngigis », « Mbul Ndakhar », « Guy Thiandigué », « Guy Mbind », « Bër »
(nom traditionnel de l’île de Gorée), « Mbilor », « Mbudaay », «
Dialacoto », « Touba », etc. A la page 19 de l’ouvrage, il souligne
qu’en Afrique et ailleurs, « le culte de l’arbre constitue tout un
symbole de grande valeur pour les peuples autochtones ». Au Sénégal,
note-t-il, « dans la région casamançaise et au pays Bassari les peuples
Diola, Balante, Bassari, Bedik et autres vénèrent la forêt, en tant que
temple de l’initiation des jeunes adolescents ».
Au Nigéria, nous
renseigne-t-il toujours, « Chez les Ibos, la croyance populaire veut
que l’âme des nouveau-nés proviennent d’un arbre appelé le teck
d’Afrique ou Iroko (Chlorophora regia ou Milicia excelsa) ». « C’est
également cet arbre qui fournit le bois-de-fer africain dans lequel on
taille le cercueilqui abrite le corps de ceux qui sont morts, mais qui
ne sont peut-être pas morts…comme le disait si bien Birago Diop, grand
poète et conteur africain », a écrit Moumar Guèye.
Enfin, il nous
rappelle que l’arbre est dans notre religion, notre tradition, et notre
folklore. « Il est ta culture et ton histoire », nous a-t-il déclaré
pour dire que l’arbre nous « encercle ». Il est au commencement et à la
fin de cette longue spirale de la vie. Bref, ce bouquin qui constitue
par son style « une véritable leçon de pédagogie sur notre environnement
» est un véritable livre de chevet, passionnant, bien écrit et bien
illustré.
Chérif FAYE